*

Les 4es journées Vincent Merle - 27 et 28 mars 2024

La quatrième édition des Journées Vincent Merle (JVM) se tiendra les 27 et 28 mars 2024 au Centre régional Vincent Merle (Pessac).

Le programme de ces journées se construit autour du thème de l’apprentissage.

Coordonné par Cap Métiers Nouvelle-Aquitaine, cet événement s’adresse à un large public : décideurs, chercheurs et opérateurs de l’éducation, de la formation, de l’orientation et de l’emploi.

Consulter le programme.

L'apprentissage, contes et décomptes - Éditorial

Depuis la réforme de la formation par alternance, encadrée par la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de septembre 2018, l’apprentissage connaît un « boom » historique. C’est ainsi qu’avec 837000 entrées en apprentissage en 2022, le nombre d’apprentis a quasiment triplé depuis 2018, et chaque année depuis cette date, le nombre d’apprentis sous contrat enregistre de nouveaux records.

Avec 980.000 apprentis à la fin de l’année 2022 (Dares, 2023), l'ambition des pouvoirs publics de créer un million de contrats d’apprentissage par an à l’horizon 2027 parait désormais accessible.

D’une intensité inédite, cette dynamique est portée par deux ressorts.
D’une part, la réforme engagée par la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » du 5 septembre 2018 a renforcé l’attractivité de cette voie de formation, en libéralisant le marché à l’ensemble des prestataires, en revalorisant le salaire des apprentis ou encore en ouvrant cette voie de formation jusqu’à l’âge de 29 ans.
D’autre part, cette dynamique est le fruit de de la politique publique d’incitation au recrutement d’apprentis conduite depuis l’été 2020, dans le cadre du plan gouvernemental « 1 jeune, 1 solution ». Initialement envisagée pour les contrats conclus entre juillet 2020 et le 31 décembre 2022, la prime à l’embauche octroyée aux employeurs pour le recrutement de jeunes est reconduite jusqu’en 2027.

S’il est frappant par son importance, on ne saurait dans le même temps oublier qu’un tel « boom » historique de l’apprentissage recouvre dans les faits un faisceau de phénomènes nouveaux :

  • des compétences perdues par les Régions au profit des branches et des opérateurs de compétences (OPCO) ;
  • la réhabilitation d’une voie de formation marquée par une logique d’orientation précoce et de relégation ;
  • des moyens exceptionnels qui lui sont consacrés ;
  • une modification substantielle des conditions d’exercice et des modes d’organisation de l’apprentissage (dont les règles de financement) ;
  • des « effets d’aubaine » avec une prime exceptionnelle élargie à tous les employeurs d’apprentis et des « effets de substitution » entre contrat d’apprentissage  et de professionnalisation ;
  • l’irruption massive de nouveaux acteurs sur le marché de l’apprentissage, notamment l’essor de prestataires de formation du secteur privé lucratif dans l’enseignement supérieur ;
  • un déséquilibre financier mis en lumière par divers rapports ;
  • le déploiement  de nouveaux outils et dispositifs numériques d’orientation ;
  • d’une manière particulièrement saisissante, le développement de nouveau profils d’apprentis, plus âgés, plus diplômés, en contrat dans les services et les grandes entreprises, là où dominaient auparavant les profils correspondants aux objectifs historiques du dispositif, plus jeunes, moins qualifiés, en contrat dans les TPE de  l’industrie, de l’artisanat et du commerce.

L’ampleur des mutations d’un mode de formation déjà ancien mais désormais soutenu avec un volontarisme et une vigueur renouvelés par des responsables politiques qui lui prêtent de nombreuses vertus pour atteindre le plein emploi et lutter contre le chômage des jeunes, ou encore répondre aux tensions de recrutement et aux enjeux écologiques et numériques, sera au centre de ces quatrièmes Journées Vincent Merle, autour de différents axes de questionnement :

  • Quelle est l’histoire de l’apprentissage ? Quels est le poids des héritages et quelles sont les logiques de changements à l’œuvre ? Comment rendre compte des qualités qui lui sont prêtées aujourd’hui ? Peut-on repérer et cartographier des mondes sociaux de l’apprentissage ?
  • Jusqu’à quel point la libéralisation du marché recompose-t-elle l’offre de formation et de certification ? Que deviennent les CFA de branche ? Comment rendre compte de l’essor de nouveaux acteurs publics privés de l’enseignement supérieur, notamment hors contrat ? Quelle est leur offre de formation pour les jeunes ? Quelle est la qualité des titres et des formations proposés ? Comment est organisée la régulation des écoles hors contrat ? Jusqu’à quel point ce modèle est-il susceptible de se diffuser à des niveaux plus bas de formation ?
  • Le « boom » des dernières années a-t-il également bénéficié aux jeunes les plus fragiles ? Plus largement, qui sont les nouveaux bénéficiaires ? Quels sont les effets de la réforme de la formation professionnelle sur les profils de l’apprentissage ? Comment est organisé son accès ? Quelles sont les pratiques d’information, d’accompagnement et d’orientation qui facilitent son essor auprès des publics les plus vulnérables ? Les plateformes numériques jouent-elles un rôle facilitateur ou génèrent-elles de nouvelles inégalités ?
  • Quels sont les effets de la réforme de la formation professionnelle sur les parcours de l’apprentissage ? Si le nombre d'apprentis va croissant, les ruptures anticipées de contrats sont dans le même temps légion. Quelles réalités recouvrent-elles ? Quels profils d’apprentis, d’entreprises et de CFA concernent-elles ? Quels sont les leviers d’action, notamment en termes de dispositifs préparatoires ou d’orientation pour l’action publique, les entreprises, les CFA, ou le réseau partenarial ?
  • Comment les pédagogies de l’apprentissage évoluent-elles ? Quelle variété des pratiques ? Les enjeux de rentabilité au cœur du modèle économique des nouveaux opérateurs privés impactent-ils leurs pédagogies ? Quelles sont les postures formatives des tuteurs selon le public ? Que recouvrent concrètement les pratiques d’apprentissage partagé permettant à un apprenti de réaliser une partie de son contrat dans une autre entreprise que celle qui l'emploie ?
  • Comment les autres formes d’apprentissage en situations de travail se développent-elles ? Les entreprises peuvent-elles devenir le pivot de la dynamique d’apprentissage avec l’AFEST ?
  • La mobilité internationale sur un temps long peut-elle s’avérer une expérience vertueuse pour l’apprenti et l’entreprise ?
  • Que fait l’apprentissage à l’insertion des diplômés du supérieur ? Les effets sont-ils très substantiels ? Qu’en est-il des parcours d’insertion professionnelle des jeunes moins qualifiés ?
  • Quel regard porter sur la loi de 2018 ? Comment évaluer et réguler un dispositif de formation à la popularité croissante mais gourmand en ressources financières et dont les déséquilibres sont soulignés ? Où en est le dispositif de suivi statistique de l’apprentissage par-delà le coût pour les finances publiques ? Quels sont les profils des entreprises formatrices ? Comment est défini et évalué ce que les apprentis sont censés apprendre dans leur entreprise ? Le développement de l’apprentissage est-il un objet de négociation au sein des branches professionnelles ou est-ce avant tout une affaire d’entreprise, d’offreurs de formation et d’opportunités marchandes ? Quels sont les enjeux de la régulation avec la mise à l’écart des conseils régionaux au profit des branches professionnelles ? Quel est le rôle désormais dévolu aux Régions au-delà de l’orientation et d’un sas vers l’apprentissage, notamment avec les prépa-apprentissage ?

Programme des JVM 2024

1re journée (27 mars)

9h00-10h00 : Accueil des participants

10h00-10h30 : Ouverture des travaux par :

  • Pierre-Yves Duwoye, Président de Cap Métiers
  • Corinne Lafitte – Directrice Générale de Cap Métiers
  • Josiane Véro et David Mélo – Co-Présidents du comité scientifique des Journées Vincent Merle
  • Florence Lefresne - Ex Directrice générale du CEREQ

10h30 –12h15 : Conférence introductive
« L'apprentissage, d'hier et aujourd'hui : continuités et changements au 20e siècle »


Réputé en crise au 19e siècle, atteignant ses effectifs les plus réduits dans la France des années 1960, l’apprentissage connaît de nos jours un regain d’intérêt et une progression quantitative spectaculaires. Le retour sur certaines des transformations des formations par apprentissage au 20e siècle permet de mettre en évidence logiques de changement et poids des héritages.

Intervenant : Stéphane Lembré - Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lille, INSPE Lille Hauts-de-France - Responsable de la mention Pratiques et ingénierie de la formation du master MEEF / Chargé de mission Cordée de la réussite et PRREL - Co-rédacteur en chef de la revue Histoire de l’éducation.

Echanges avec la salle

12h15 : Pause déjeuner / Buffet

13h45 – 15h15 - Deux ateliers en simultané :

Atelier 1
« Parcours, ruptures, coutures … »

Cet atelier traitera des parcours vers et dans l’apprentissage, en s’intéressant aux moments de charnières ou de ruptures qui peuvent se produire. L’expansion inédite récente de l’apprentissage n’est pas exemple de cas de décrochage ou d’insécurisation. En interrogeant les situations de tensions, de blocage ou d’échec de la relation entre les différents acteurs (apprentis, CFA, entreprises, OPCO, autres intervenants), il s’agira d’entrer dans la boîte noire de la construction d’un apprentissage réussi.


Atelier 2
« Offre de formation et de certification en apprentissage : quelles organisations pour quel modèle économique ? »

Cet atelier traitera des effets des récentes réformes de l’apprentissage, notamment par la loi du 5 septembre 2018, en termes de financement comme d’organisation de ses acteurs.
Il sera l’occasion d’apprendre comment les CFA ont revisité leur modèle économique face à certains aspects de la réforme de 2018 (libéralisation du marché, augmentation des salaires des apprentis, élargissement des publics). Il permettra également d’analyser l'arrivée dans ce paysage de nouveaux acteurs comme certains groupes privés internationaux d’enseignement supérieur qui ont récemment fait l’objet de travaux parlementaires.


15h30 – 17h00 Table ronde
« Les apprentissages en entreprise et la question de l’apprentissage partagé »

A partir de témoignages de maîtres d’apprentissage, de groupement d’employeur et d’échange avec le public cette table ronde abordera l’apprentissage partagé et la variété des pratiques d’encadrement des apprenti(e)s sur leur lieu d’accueil vus par l’entreprise en lien avec les responsables pédagogiques. Elle étendra cette compréhension au cadre de l’AFEST avec des retours d’expérimentation.


2e journée (28 mars)

8h30 – 9h15 - Accueil des participants

9h15 – 10h45 Table ronde
« Derrière la massification de l’apprentissage, des inégalités d’accès… »

L’essor de l’apprentissage, dans le secondaire comme dans le supérieur, est spectaculaire. Mais cela n’occulte pas les inégalités d’accès à cette voie de formation.  Ces inégalités remettent-elles en cause l’idée que l’alternance est de nature à corriger les inégalités de formation initiale. Comment sont structurées ces inégalités, en fonction de l’origine sociale, du genre, du territoire d’origine, de l’âge, du parcours scolaire antérieur, des domaines d’activité… ?

11h00 – 12h30 - Deux ateliers en simultané 

Atelier 1

« Dans les interstices de l’entreprise : situations et interactions discrètes »

Que se passe-t-il à la marge des situations et interactions prescrites et des temps formels de travail et d’apprentissage en entreprise ? Que recèlent les interstices spatiaux, temporels et sociaux des situations de travail ? En quoi contribuent-ils au « devenir professionnel » des aspirants ? Quelles acquisitions permettent-ils ? Par quels gestes, paroles ou postures ces savoirs professionnels sont-ils constitués et transmis ? Comment sont-ils appropriés par les apprentis ?

En appui sur leurs enquêtes conduites au cœur des entreprises, trois chercheurs en Sciences humaines et sociales dévoileront le potentiel formatif de ces situations et interactions discrètes, qui échappent à l’explicitation et à la formalisation, et conséquemment à une reconnaissance au titre d’une transmission de savoir-faire techniques et sociaux. Les témoignages respectifs d’un.e apprenti et d’un responsable d’entreprise offriront le point de vue du « terrain » sur la nature et la valeur de ces « savoir-faire discrets » entendus comme « un « art de l’ajustement à des situations toujours particulières » (Molinier, 2010) et qui « ne se perçoivent que lorsqu’ils ne sont pas accomplis » (Maguet, 2023).

Atelier 2
« Partir pour mieux revenir »

La mobilité européenne des apprentis a été facilitée par la loi « Avenir professionnel » de 2018, et plus récemment encore par la loi du 27 décembre 2023 pour un « Erasmus de l’apprentissage ». Dans ce contexte qui marque une volonté forte des pouvoirs publics, l’atelier vise à faire le point sur la situation, les avantages de ce type d’expérience apprenante pour les apprentis eux-mêmes et pour leurs employeurs ainsi que sur les obstacles qui demeurent. L’atelier s’appuiera sur une diversité d’intervenants : directeur de CFA, référents mobilité et apprentis.

12h30 : Pause déjeuner / Buffet

14h00 – 15h45 : Table ronde
« Le législateur et l’apprenti. Quels effets de la réforme de 2018 sur le système français d’apprentissage. »

Cette table-ronde conclusive reviendra sur le bilan de la réforme de 2018 sur le système d’apprentissage. Après une mise en perspective régionale proposée par l’Observatoire de l’Alternance en Nouvelle-Aquitaine animé par Cap Métiers Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de ses missions d’OREF, nous solliciterons des regards de spécialistes et des institutions compétentes – OPCO, France Compétences – pour discuter des enseignements déjà apportés par divers travaux d’étude et d’évaluation. L’échange s’engagera ainsi notamment sur les nouveaux modes de régulation développés, le ciblage du public et l’usage des aides aux entreprises.

15h45 - 16h00 : Clôture des travaux

Le Comité scientifique des Journées Vincent Merle

La Présidence

Le Comité scientifique des Journées Vincent Merle est présidé par David MELO et Josiane VERO.

  • David MELO - Professeur des universités en sociologie à l’Université Savoie Mont Blanc et chercheur au Centre de recherche en droit Antoine Favre
  • Josiane VERO – Economiste, Cereq et LEST

Les membres du Comité scientifique

Thierry BERTHET - Directeur du LEST (Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail)

Pascal CAILLAUD - Chargé de recherche CNRS - Laboratoire Droit et Changement Social (UMR-CNRS 6297) - Directeur scientifique du Centre associé au Céreq des Pays de la Loire

Nicolas FARVAQUE – Directeur du Pôle Recherche Etudes – ORSEU ETHIX

Marie-Hélène JACQUES - Professeure en sciences de l'éducation à l'Université de Limoges

Alain JEANNEL - Professeur des Universités - Professeur honoraire de l'Université de Bordeaux

Nathalie LAMUELA – Directrice des services aux professionnels de l’orientation, la formation et l’emploi – Cap Métiers Nouvelle-Aquitaine

Olivier MAURICE – Directeur de la communication – Cap Métiers Nouvelle-Aquitaine

Frédéric NEYRAT – Sociologue

DAVID REUNGOAT – Directeur du CFA de l’Université de Bordeaux

Sébastien THIERRY – Consultant

Aline VALETTE-WURSTHEN - Coordinatrice de l’animation des observatoires de branches - Direction Observation et Evaluation – France Compétences

Eric VERDIER – Directeur de recherche émérite au CNRS – LEST - Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail – Aix Marseille Université

Coordination Cap Métiers Nouvelle-Aquitaine

Stefania PARELLO – Attachée aux opérations – Secrétariat Général – Cap Métiers Nouvelle-Aquitaine

 

Dossiers associés

  • *

    Les 1res Journées Vincent Merle - 17 et 18 janvier 2017

    Consulter
  • *

    Les 2es Journées Vincent Merle - 22 et 23 janvier 2019

    Consulter
  • *

    Les 3èmes Journées Vincent Merle - 14 et 15 juin 2022

    La 3ème édition des Journées Vincent Merle, qui s'est tenue les 14 et 15 juin 2022 à Pessac, a abordé le thème de l'entreprise formatrice.

    Consulter