Le cadre de référence de l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme
L’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme) a défini l’illettrisme dans un Cadre national de référence.
« L’illettrisme qualifie la situation de personnes de plus de 16 ans qui, bien qu'ayant été scolarisées, ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne, et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples. Pour certaines personnes, ces difficultés en lecture et écriture peuvent se combiner, à des degrés divers avec une maîtrise insuffisante de compétences de base, comme la communication orale, le raisonnement logique, la compréhension et l’utilisation des nombres et des opérations, la prise de repères dans l’espace et dans le temps, etc. »
Il faut souligner que ne sont donc pas considérés comme étant en situation d’illettrisme les adultes n’ayant jamais été scolarisés, qui doivent réaliser un premier apprentissage (alphabétisation), ni les étrangers ne parlant pas la langue française, qui sont concernés par l’apprentissage du FLE (Français langue étrangère).
La lutte contre l’illettrisme ne doit pas être confondue avec la politique linguistique en faveur des migrants, mais être considérée dans le cadre d’une démarche de formation tout au long de la vie.
Combien de personnes concernées ?
L’enquête Insee Formation tout au long de la vie, réalisé avec l’appui de l’ANLCI et la Depp
En 2022, 10% des personnes âgées de 18 à 64 ans éprouvaient des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit. 4% pouvaient être considérées en situation d’illettrisme, soit 1.400.000 personnes (le taux d’illettrisme passant de 7% en 2011 à 4% en 2022).
62 % des personnes de 18 à 64 ans en difficulté à l’écrit l’étaient également en calcul.
Les femmes ont plus souvent que les hommes des difficultés en calcul ; en revanche les écarts sont faibles pour l’écrit. Les difficultés à l’écrit, et dans une moindre mesure en calcul, sont plus fréquentes pour les générations plus âgées.
Les compétences à l’écrit comme en calcul sont fortement liées au niveau de diplôme : les difficultés sont moins fréquentes quand le niveau de diplôme augmente. Ainsi, 35 % des personnes peu ou pas diplômées sont en difficulté à l’écrit ou en calcul, alors que la part de personnes diplômées du supérieur en difficulté est marginale.
Une proportion plus importante de personnes concernées dans les territoires en difficulté économique (une personne sur trois résidant dans un QPV est en difficulté avec l’écrit contre seulement 8% des personnes résidant hors QPV).
Ces difficultés se combinent avec d’autres difficultés comme l’illectronisme (illettrisme numérique) qui a aussi des impacts dans la vie quotidienne des individus.
Ainsi, s’agissant du recours à internet, ces personnes entreprennent nettement moins de démarches administratives seules sur internet que le reste de la population (61% contre 85%). Elles jugent qu’Internet complique les démarches administratives, soit 10 points de plus que pour l’ensemble de la population. (source INSEE, ANLCI, avril 2024).
Journée Défense et Citoyenneté (JDC)
La Journée Défense et Citoyenneté (JDC) est un outil de détection qui permet de chiffrer la part des jeunes qui maitrisent insuffisamment la lecture. Depuis 2010, des tests d’évaluation des acquis fondamentaux de la langue française conçus par le Ministère de l’Education Nationale sont réalisés au cours de cette journée par les différents Centres du Service National auprès des jeunes garçons et filles de 17 ans.
Les derniers résultats publiés par la Depp indiquent qu'en 2022, 11,2 % des jeunes participants à la JDC ont rencontré des difficultés dans le domaine de la lecture. Près de la moitié d’entre eux pouvait être considérée en situation d’illettrisme. Par ailleurs, plus d’un jeune sur dix avait une maîtrise fragile de la lecture.
Les performances en lecture progressent avec le niveau d’études. Elles sont globalement plus élevées chez les filles que chez les garçons.
En Nouvelle-Aquitaine, les départements de la Corrèze et des Pyrénées-Atlantiques présentent les pourcentages de jeunes en difficulté de lecture les plus bas (2,7 % et 2,8 %). A l’inverse, la Charente (12,3 %) ; la Charente-Maritime (11,5 %) et la Dordogne (11,7%) présentent un taux plus élevé que la moyenne nationale (11,2 %).
- Laïla Bentoudja (Insee), Fabrice Murat (Depp), Avril 2024, "En 2022, un adulte sur dix rencontre des difficultés à l’écrit", Insee Première, n° 1993, INSEE, DEPP.
- Fernandez A., Giraudeau-Barthet H., Juin 2023, "Journée défense et citoyenneté 2022 : plus d’un jeune Français sur dix en difficulté de lecture", Note d'Information, n° 23.22, DEPP.
- Atlas de l'Illettrisme en France : ANLCI - 2022