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Les pratiques professionnelles

Approches autour de l'inclusion et de l'intégration

Les notions d’inclusion, d’intégration et de lutte contre les discriminations sont souvent employées de manière indifférenciée dans les politiques publiques et dans les actions déployées en direction des personnes vulnérables.

Cependant elles peuvent recouvrir des réalités différentes selon le statut de ces personnes (jeunes marginalisés, actifs précaires, personnes en situation de handicap, personnes immigrées ou réfugiées…) et les champs d’intervention des professionnels qui concourent à leur accompagnement.

Ce dossier regroupe des informations, des ressources et des initiatives en direction de ces professionnels.

Plan d'action européen (2021-2027) en faveur de l'intégration et de l'inclusion

La Commission a présenté le 24 novembre 2020 un plan d'action en faveur de l'intégration et de l'inclusion pour la période 2021-2027. Ce plan d'action promeut l'inclusion pour tous, reconnaît la contribution des migrants à l'UE et s'attaque aux obstacles qui peuvent entraver la participation et l'inclusion des personnes issues de l'immigration, nouvellement arrivées ou disposant déjà de la citoyenneté, dans la société européenne.

Ce plan d'action en faveur de l'intégration et de l'inclusion complète des stratégies de l'UE, actuelles et à venir, visant à encourager l'égalité et la cohésion sociale afin que toute personne soit pleinement intégrée et capable de prendre part aux sociétés européennes.

Il sera mis en œuvre parallèlement au futur plan d'action visant à mettre en œuvre le socle européen des droits sociaux et le plan d'action de l'UE contre le racisme. Il sera également lié au cadre stratégique de l'UE pour l'égalité, l'inclusion et la participation des Roms, à la stratégie en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025, à la stratégie pour l'égalité des personnes LGBTIQ 2020-2025, à la future stratégie de lutte contre l'antisémitisme et au rapport sur la citoyenneté de l'Union.

Inclusion sociale et lutte contre la pauvreté

L’inclusion sociale se définit comme un processus « permettant aux personnes en danger de pauvreté et d’exclusion sociale de bénéficier des possibilités et des ressources nécessaires pour participer à la vie économique et sociale, en jouissant d’un mode de vie considéré comme normal dans la société dans laquelle ils vivent » (Commission européenne).

En France métropolitaine, en 2018, 9,3 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire, soit un taux de pauvreté de 14,8%, en hausse de 0,7 point par rapport à 2017 (Insee – 2020).

L’action des pouvoirs publics pour favoriser l'inclusion sociale et lutter contre la pauvreté s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (voir Dossier) lancée en septembre 2018.

Cette politique publique interministérielle porte à la fois sur l’hébergement et le logement, en lien avec le plan quinquennal de lutte contre le sans-abrisme et pour un logement d’abord, l’emploi en lien avec le Plan d’investissement dans les compétences, l’éducation, la santé et le médico-social.

Un document annexé au projet de loi de finances 2021 expose les objectifs de la politique transversale d'inclusion sociale et les moyens qui sont mis en oeuvre pour les atteindre dans le cadre interministériel. Il présente également l’effort financier qui sera consacré par l’État à cette politique transversale pour l’année 2021.

Plan d'investissement compétences (PIC) : 100 % inclusion, la fabrique de la remobilisation

Initiative du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) lancée par le Gouvernement pour former et accompagner les parcours de demandeurs d’emploi peu qualifiés, un appel à projets « 100 % inclusion, la fabrique de la remobilisation » lancé en trois vagues a visé à détecter et faciliter l’expérimentation de nouvelles solutions en matière d’inclusion des personnes les plus vulnérables, et de nouvelles approches de remobilisation, de développement et de valorisation des compétences de ces publics.

Les objectifs de cet appel à projets :

  • prendre en compte les difficultés spécifiques et attentes des personnes en situation de handicap, dans une logique inclusive, et s’assurer que les actions de repérage et de remobilisation soient adaptées à ce public ;
  • concevoir des réponses adaptées aux demandeurs d’emploi résidants en zones rurales.

Gaia est un projet lauréat de l’appel à projet 100 % inclusion, au service de collectivités de Nouvelle-Aquitaine impliquées dans l’accompagnement vers l’emploi. Gaia va se déployer sur 20 territoires ruraux de Nouvelle-Aquitaine de l’automne 2020 à l’été 2023 avec pour objectif d’accompagner dans l’emploi 600 personnes.
La Direccte Nouvelle-Aquitaine a lancé le 3 décembre 2020 un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour sélectionner six territoires d’expérimentation (plus d'infos).

Préjugix, une initiative néo-aquitaine contre les préjugés

Préjugix, le "médicament" anti préjugés

On a tous des préjugés : Pourquoi ne pas les traiter ?

Retour sur l'aventure Prejugix

Toute l'info sur Prejugix : www.prejugix.com


Webinaire de présentation de Préjugix

Quand on est chômeur, il n’est pas rare d’entendre : "Fainéant !" "Profiteur !" "Tu coûtes trop cher à la société !" En tant que professionnel(le) de l’insertion, de la formation, de l’emploi, de l’orientation, vous avez peut-être été témoin de préjugés de ce genre que subissent les publics que vous recevez et accompagnez.

Dans le cadre de son programme de professionnalisation, Cap Métiers proposait en décembre 2020 un webinaire de présentation de Préjugix, le premier "médicament" anti-préjugés. La conduite partenariale de ce projet régional et son application concrète dans une mission locale y ont été présentés.

Replay du webinaire de présentation de Préjugix

 

Un remède contre les préjugés, de l’art au partenariat

Interview de Patrick Delpech (O.S. l’association)

« Le point de départ de Préjugix, c’est ma démarche artistique », décrit Patrick Delpech, directeur artistique de « O.S. l’association » (O.S. pour « Open Space »). « Je suis plasticien, je fais des interventions en public, en improvisation. Et c’est dans ce cadre, en particulier avec des personnes en situation de handicap psychique, que j’ai rencontré en 2013 des adhérents d’« Entraide et vous », le groupe d’entraide mutuelle de Villeneuve-sur-Lot. Je les ai invités à venir dans mon atelier pour imaginer ensemble une performance en public. »

C’est au cours de ce travail en commun qu’un des participants, schizophrène, menuisier de métier, a exprimé sa lassitude de constater que son trouble était systématiquement associé avec les tueurs en série. « Je leur ai proposé de distribuer dans la rue un objet, comme des bonbons contre les préjugés. Cela a pris 6 mois avant que je me rende compte que c’était un peu trop difficile d’envisager une intervention directe face aux gens. Comme ils sont tous sous traitement, j’ai ressorti l’idée d’un médicament contre les préjugés que j’avais dessiné en les écoutant. »

Cette idée a fini de synthétiser le concept Préjugix, déposé officiellement en avril 2014 par O.S. l’association, créée la même année pour porter le projet. Une réflexion collective a été menée pour choisir les thèmes à aborder. Un an après, 9 partenaires rédacteurs sollicités pour rédiger des notices sur des thèmes divers (Handicap physique et mental, Dépression, Seniors, Jeunes, Violences conjugales, Homosexualité, Reconversion professionnelle...) ont rendu leurs contenus à l’issue d’une phase de rédaction de quelques mois. Le Préjugix 200 a été lancé officiellement en décembre 2015.

« Il y avait l’intermédiaire de l’outil artistique, qui permet d’incarner le message, pour que ça ait une valeur. C’était aussi une sorte de revanche pour certains rédacteurs, d’être sous traitement et de soigner la société. Le collectif a un peu grossi autour de l’association, et on a conclu que c’était plus intéressant de faire un seul produit avec tous les thèmes, qu’une boîte par thème. »

Depuis le départ du projet, la dimension de co construction est jugée essentielle par l’association. Ce n’est pas tant le concept du médicament qui soigne les maux de la société, que la transversalité des sujets permettant de se décentrer de sa propre problématique. « On voulait s’attaquer aux causes des discriminations. Les préjugés, on en a tous. Mais ensemble, on a la possibilité de les identifier plus vite. On arrive à en faire un point commun, un point de départ pour des échanges. La dimension de création artistique c’était d’utiliser le prisme de l’art pour imaginer quelque chose d’original avec ce qui nous encombre, des faits de société, des problématiques autour de la rencontre, avec lesquels on a du mal à coexister. »

Devant le succès du Préjugix 200 mg, distribué à 50 000 exemplaires, l’association a décidé fin 2017 de mettre en chantier une nouvelle version, le Préjugix 400 mg. Le principe est resté le même en étendant l’action aux 12 départements de Nouvelle-Aquitaine, avec l’ambition de trouver au moins un rédacteur par département. Un appel à projets a été lancé et, pour en faire la promotion, une « Préjugix party » s’est tenue dans chaque département. Il s’agissait d’expliquer la démarche, présenter les boîtes de 200 mg pour que les éventuels partenaires puissent se projeter sur le nouveau produit. Pour déposer un dossier, il fallait proposer un thème qui n’avait pas déjà été abordé.

Cette véritable tournée d’un an a finalement débouché sur deux comités de sélection qui ont déterminé la liste des 16 notices retenues.  « Nous avons augmenté le nombre de thèmes par rapport au nombre de départements. Nous voulions aussi inclure certains sujets, par exemple les détenus ou l’autisme, qui n’avaient pas trouvé place dans la première boîte, faute de partenaire. D’autres nous ont convaincu alors que nous ne les avions pas anticipés, comme l’handiparentalité. »

Dans Préjugix, les rédacteurs de notices ne sont pas les seuls partenaires importants. Le projet a besoin de relais pour mettre en forme les boites livrées en kit, tester leur efficacité, organiser des évènements, des distributions. Il faut également des partenaires financiers. « Le fait que ma démarche personnelle, dans ma pratique artistique, comprenait déjà le participatif, la dimension de l’instant, est importante. Je n’ai pas eu de mal à ouvrir le champ de l’acte créatif pour cet objectif commun, avec beaucoup de participants. Là où j’ai évolué, c’est sur la démarche de construction de projet, qui est un temps que je n’imaginais pas mobiliser à ce point-là. C’est très intéressant d’avoir une véritable politique de gestion des partenariats, publics et privés, ce qui nous permet d’être crédible dans les deux univers, et d’être responsables de l’argent public. On a eu la chance de trouver des gros partenaires privés, au premier rang desquels AG2R La Mondiale, qui nous ont permis de rééquilibrer les choses, de ne pas tout attendre de l’Etat. Mais sans le soutien de l’Agence régionale de Santé et de ses animateurs et animatrices, nous aurions du mal à faire du maillage de territoire. Pareil avec la Région, qui nous a mis en contact avec un réseau de rédacteurs. »

La première édition du Préjugix 400 mg a été tirée à 60 000 exemplaires fin 2019, avec notamment une distribution dans 210 pharmacies, à raison d’une ou deux villes par département. L’association a également produit des vidéos évènementielles, des films de présentation de la démarche, des tutoriels de montage de boîte, des exemples d’utilisation, etc. Ainsi que des interviews photomaton, pour donner la parole à différents partenaires. Le site Internet sera reformaté, afin de valoriser les rédacteurs, et proposer à d’autres structures de rédiger des nouvelles notices qui seraient disponibles en format numérique. En décembre 2020, le projet fêtera ses 5 ans, avec un évènementiel numérique qui se déroulera sur les réseaux sociaux.

O.S. l’association a d’autres projets, même si le Préjugix lui prend beaucoup de temps. Sa raison d’être reste de faire venir des publics d’horizons différents pour partager des idées créatives, des concepts, créer de façon participative et ouvrir le champ de la création. « A partir de maintenant, notre priorité c’est de valoriser les boites. Nous avons réalisé un film qui va nous permettre de mieux communiquer sur leur utilisation. Nous voulons privilégier une approche intergénérationnelle, en allant à la rencontre de personnes âgées en ehpad, et des collégiens et lycéens pour créer avec eux une Préjugix party et les accompagner à utiliser les boîtes de manière autonome. Ensuite nous continuerons à développer les outils et la démarche pour qu’elle s’étende. En conservant le lien avec la dimension culturelle qui est dans l’ADN de l’association. »

Cap Métiers - 1er décembre 2020

 

Agir pour qu’un préjugé n'aboutisse pas à une discrimination

Interview, côté rédacteur, de Régis Morisson (Mission locale de Limoges)

La mission locale de Limoges fait partie des « partenaires rédacteurs » du Préjugix 400. C’est plus particulièrement Régis Morisson, conseiller et référent discrimination, qui s’est chargé de préparer une réponse à l’appel à projets de l’association OS. A l’issue d’une « Préjugix party », que l’association est venue animer à Limoges fin 2017, il a sollicité les jeunes présents afin de trouver un thème qui n’avait pas déjà été abordé.

« Nous avons décidé de partir sur la tyrannie de l’apparence. Mais l’intitulé a été jugé trop orienté. Le sujet les intéressait, donc nous sommes restés sur l’apparence. Plusieurs jeunes ont été partants pour travailler sur une notice. Comme je suis aussi chargé de relations entreprises à la mission locale, mon souhait était qu’une entreprise participe à la création d’un atelier, pour avoir en quelque sorte la vision économique des préjugés en rapport avec les apparences. J’ai sollicité une entreprise de travail temporaire, qui me paraissait intéressante parce qu’elle fait le lien entre les publics et les entreprises. »

Ce travail a duré environ une année. L’objectif des ateliers était de faire émerger des préjugés, parler des réactions qu’ils suscitent, puis élaborer des messages en regard de ces réactions. Les deux principaux préjugés ressortis de ce travail ont été « les gros sont fainéants » et « l’habit fait le moine ». Plusieurs réactions ont suivi, du « ce n’est pas de leur faute » à « c’est une maladie », en passant par « il faut être courageux pour affronter le regard des autres », « les apparences sont souvent trompeuses », « les habits sont des leurres ou des carapaces qui peuvent masquer le manque de confiance », ou encore « les dress codes sont nécessaires pour accéder à certaines professions. »

De ces échanges, parfois accompagnés de témoignages personnels, sont sortis une série de slogans, « ça n’est pas parce qu’on porte une tenue de pilote qu’on sait faire décoller l’avion », ou des messages plus « sérieux » du type « la densité corporelle n’a pas d’impact sur la volonté et n’affecte pas la compétence ». 

« La notice que nous avons proposée a été validée, et en tant que partenaire rédacteur, nous avons été amenés à mettre en place plus d’une centaine d’ateliers à destination de différents publics, soit à la mission locale, soit délocalisés dans d’autres structures comme des écoles ou le Centre Hospitalier d’Esquirol. Nous devions aussi mettre en forme plus de 5 000 boîtes. »

Lors des ateliers, il s’agissait de préparer des boîtes de Préjugix 400 avant distribution, de présenter l’association et la démarche, d’expliquer comment la mission locale a élaboré une notice avec des jeunes et des entreprises. Mais surtout, à chaque fois, de réaliser un travail sur les préjugés, et de répondre à des questions essentielles : qu’est-ce qu’un préjugé ? D’où peut-il venir ? Qui le véhicule ? Comment il se transforme ? Comment réagir ? etc. Pour chaque idée, il fallait trouver un argument, échanger au sein du groupe, afin d’aboutir à une définition commune.

« Nous avons beaucoup travaillé sur la question des entretiens d’embauche. Car notre finalité est bien celle-là, accompagner les jeunes pour qu’ils trouvent du travail. Si un jeune se rend à un entretien avec une tenue pas adaptée, il prend le risque d’échouer. Il doit être conscient qu’il existe des dress code, des choses à respecter en matière de tenue vestimentaire ainsi que dans son apparence physique, coiffure, piercings, tatouages… »

Pour Régis Morisson, la plus-value du projet réside dans le travail mené en commun avec les jeunes et l’entreprise, mais également dans la façon dont chacun est amené à interroger ses propres préjugés. Par ailleurs, notamment grâce à la médiatisation du Préjugix, il a permis à la mission locale de consolider des partenariats ou d’en créer avec des acteurs qu’elle avait moins l’habitude de rencontrer, comme des personnels de santé. Seul regret, ne pas avoir pu faire plus d’ateliers avec des entreprises.

« On s’est servi du Préjugix pour faire des ateliers avec des jeunes en Garantie jeunes. Des fois le discours a été assez virulent. On parle apparence, mais quand on aborde un préjugé, inévitablement on dérive assez vite sur un autre. Un préjugé peut-être problématique en soi, mais quand il débouche sur de la discrimination, quand il empêche quelqu’un d’accéder à une position, il devient grave. »

« Aujourd’hui, je m’en sers encore. Pas forcément de toutes les notices, certaines ne concernent pas nos publics ou la question de l’emploi. A chaque fois que l’on fait des ateliers, des simulations d’entretien, des candidatures, pour les services civiques, je parle des apparences. Je m’inspire des notices pour travailler sur ce point, le premier effet que l’on donne à voir. L’idée c’est de faire une formation pour aider les jeunes à construire leur « pitch », travailler leur présentation pendant leurs entretiens. Avec le CV vidéo, on constate que c’est la mise en avant du physique de la personne qui vient en premier. On utilise son image pour vendre ses compétences. A chaque fois que l’on aborde le sujet, il y a des choses qui ressortent. »

Cap Métiers - 1er décembre 2020

La méthode FALC (Facile à lire et à comprendre), pour un meilleur accès de tous aux contenus écrits

Faciliter l’accès à l’information écrite des publics

Quelques exemples d’applications

> Dans le domaine du handicap :

Unapei : Des fiches en facile à lire et à comprendre (FALC) pour appuyer les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) dans leur mission d’information sur les droits des personnes en situation de handicap, le travail, l’inclusion…
Consulter les fiches

monparcourshandicap.gouv.fr : Pour une meilleure information des personnes en situation de handicap et afin de rendre les personnes déficientes intellectuelles plus autonomes dans leurs démarches grâce à une meilleure compréhension de l’information, le portail Mon Parcours Handicap met à disposition des fiches en facile à lire et à comprendre.
Consulter les fiches

> Dans le domaine de la santé :

CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) : Des fiches en facile à lire et à comprendre pour aider le public à s’informer sur les droits et les aides liés au handicap : prestation de compensation du handicap (PCH), allocation aux adultes handicapés (AAH), le travail, l’emploi, l’insertion...
Consulter les fiches

Santé Publique France : Publié en 2018, ce guide est le fruit d'un travail mené par des acteurs publics, des chercheurs et des associations impliqués sur les questions de littératie, d'accès à l'information, de participation sociale et de citoyenneté. Il suggère des pratiques à tous ceux qui souhaitent concevoir une information accessible à tous.
Consulter le guide

> Dans le domaine de l’emploi/insertion :

Pôle emploi : Considérant qu'accéder à l'information est un droit pour tous, Pôle emploi a publié en 2015 son premier document « Facile à lire et à comprendre » (FALC) en proposant une version de son rapport d’activité sur la responsabilité sociétale en 2014, conçue par et pour des personnes en situation de handicap intellectuel.
Consulter le document


Adapter ses documents avec la méthode FALC

Handirect : Article sur la création de documents adaptés avec le Facile à lire et à comprendre.
Lire l'article

LIREC : Une plateforme web d'aide à la l'écriture de documents en Facile à lire et à comprendre.
Accéder à LIREC

L’information pour tous : Règles européennes pour une information facile à lire et à comprendre.
Consulter le document de l'Unapei


Des expériences en Nouvelle-Aquitaine

Un ESAT de Dordogne lance la première maison d'édition de livres "Faciles à Comprendre" pour adultes
Voir le reportage de France 3 Nouvelle-Aquitaine

« Jeux d'Insertion pro© FALC Milieu ordinaire »
Le projet initial « Jeux d'insertion pro©FALC » a été cofinancé par la Région dans le cadre du FRIF (Fonds régional d’innovation pour la formation) en 2021.
Ce jeu repose sur la transcription et l'adaptation du dispositif de base « Jeux d'Insertion pro© » en langage « Facile à Lire et à Comprendre » afin qu'il puisse être pris en main par les professionnels de l'insertion professionnelle auprès des personnes en situation de handicap intellectuel et autres troubles psychiques.

Un diagnostic partagé a mis en lumière la nécessité de créer un dispositif complémentaire adapté aux travailleurs en situation de handicap en insertion dans le milieu ordinaire.
Ainsi le « Jeux d’Insertion pro© FALC milieu ordinaire », porté par l’association Etica, a reçu un financement du FRIF en novembre 2022.

Rédigé via la méthode « Facile à lire et à comprendre », il a pour objectifs de :

  • Favoriser l’accès, l’accueil et le maintien dans l’emploi en milieu ordinaire des personnes en situation de handicap intellectuel et des personnes souffrant de troubles psychiques ;
  • Développer les compétences sociales et organisationnelles nécessaires à l’insertion dans le milieu ordinaire ;
  • Oeuvrer pour le développement de l’entreprise inclusive.

L'intégration de la méthode FALC aux actions de formation (Interview ADAPEI de la Creuse)

Formadapt 23 est l’organisme de formation de l’ADAPEI de la Creuse. La méthode FALC (Facile A Lire et à Comprendre) est pleinement intégrée à toutes ses actions de formation.

Interview de Béatrice Larivière, responsable de formation à Formadapt 23

A partir de quand avez-vous ajouté le FALC à vos pratiques ?

Le FALC est issu d’un projet européen de 2009, auquel l’UNAPEI a participé. A partir de 2013, notre organisme a mis sur pied une équipe de formateurs en FALC. Nous avons aussi développé un service de transcription pour tous ceux qui voudraient faire « traduire » leurs documents. Nous intervenons par exemple pour les campagnes de santé publique de l’ARS.

Dans nos principes fondateurs, nous avons une offre de formation en pédagogie adaptée aux personnes déficientes intellectuelles, destinée notamment aux travailleurs en ESAT. Notre pédagogie adaptée implique de tout faire en FALC, notamment les supports écrits : livret du stagiaire, diaporamas, exercices, quiz et questionnaires, jeux pédagogiques… En termes de jeux de rôle en formation, on part de l’expérience des personnes, de leur vécu, de leurs difficultés. Il faut partir d’exemples très concrets puisque la capacité d’abstraction des personnes déficientes intellectuelles est faible. C’est aussi ça la pédagogie adaptée, une certaine manière d’aborder les questions, des contenus adaptés, beaucoup de répétitions, et de production en groupes et aussi des temps de pause à intervalles réguliers pour tenir compte de la fatigabilité de ce public.

Dans ses grandes lignes, en quoi consiste le FALC ?

La méthodologie FALC comprend 53 règles à suivre pour faire des messages plus simples, plus courts, écrits plus gros, des illustrations, afin de donner un résultat plus attractif qui convient à tous les publics. Le point le plus important, c’est la relecture des publics finaux et la modification des écrits en fonction de leurs retours. C’est ce qui fait que le document est labellisé FALC. On doit vérifier si ces personnes comprennent vraiment, pour arriver à un document qui est accessible à tous publics. Pas seulement des personnes déficientes intellectuelles, mais toutes celles qui ont peu d’appétence pour la lecture, quelle qu’en soit la raison.

Vous formez des professionnels au FALC. Qui sont-ils ?

Nos formations s’adressent à tous les professionnels qui accueillent et accompagnent du public. Nous les informons sur ce qu’est la déficience intellectuelle et quels sont les besoins des personnes concernées. Nous évoquons des comportements qui peuvent surprendre des formateurs dans un organisme de droit commun. Par exemple, le fait que les personnes déficientes intellectuellement sont toujours à l’heure, mais qu’elles décrochent plusieurs minutes avant la fin d’une journée de formation, anxieuses de ne pas rater un transport qui vient les chercher. Ce comportement peut être mal interprété par un formateur, alors qu’il est lié à la déficience.

Que peut leur apporter la méthode ?

Dans les associations qui relèvent du champ du handicap, la méthode est connue. Elle ne l’est généralement pas dans d’autres secteurs, par exemple les organismes de formation de droit commun. Même lorsqu’ils ont déjà le souci de rendre leurs supports attractifs. Cependant, beaucoup sont en contact avec des personnes en échec scolaire, en difficulté avec l’écrit, ou qui n’ont pas d’appétence pour tout ce qui relève de l’écriture et de la lecture. Le FALC ne va pas révolutionner leurs pratiques, mais ses règles permettent de tracer un cadre, et de les préparer à tous les publics qui pourraient bénéficier de la méthode.

Que remarquez-vous dans vos formations ?

Ce que nous observons, c’est que ce qui fait le plus bouger les stagiaires, c’est le travail en commun avec des personnes déficientes intellectuelles dans les groupes d’exercices pratiques. En sous-groupe, ils comprennent où sont les difficultés, toutes les questions qui se posent sur le contenu du message, les idées que l’on veut conserver, comment simplifier sans dénaturer. Selon les lecteurs, les versions sont différentes. Le fait d’être avec des personnes déficientes à des degrés divers, démontre bien que la méthode n’est pas rigide, qu’il s’agit d’abord de communication qui doit s’adapter au public auquel on s’adresse.

Quand les personnes concernées donnent leur avis, les stagiaires se rendent compte que ce qui peut paraître facile d’accès ne l’est pas tant que ça. Ils constatent qu’il y a encore du travail à faire et qu’il faut éviter de penser à la place de l’autre. Les personnes déficientes intellectuelles participent à nos formations, même avec des apprenants qui ne sont pas en contact avec ces publics.

Quels sont les retours des professionnels ?

Les stagiaires adhèrent à la démarche. Au bout de deux jours, ils en comprennent les mécanismes, ils savent comment l’appliquer et la mettre en œuvre dans leurs écrits. Ils sont conscients qu’apprendre la méthode ne leur permet pas de se mettre complètement à la place des lecteurs. Comme le dit le slogan de l’association Nous Aussi*, «Jamais rien pour nous sans nous». Ils repartent également en sachant qu’il faut qu’ils trouvent sur leur territoire un partenaire du champ du handicap, comme un ESAT, pour avoir des publics à qui faire relire leurs documents. Sinon la démarche n’est pas aboutie. 

Comment présenteriez-vous la méthode à des interlocuteurs qui ne la connaissent pas ?

A partir du moment où nous disons que le FALC est une méthode qui facilite la compréhension de textes écrits pour des personnes qui sont en situation de handicap intellectuel, qui n’accèdent pas à la compréhension, qu’on est dans une démarche d’accessibilité et d’inclusion, c’est clair. Nous commençons nos formations en projetant un texte en japonais, afin de montrer ce que c’est d’être confronté à une langue qu’on ne connaît pas. Un article de journal produit le même effet à un déficient intellectuel : écriture minuscule, un mot sur deux incompréhensibles...

Quels sont les points qui vous paraissent les plus importants au regard du FALC ?

Avec la loi de 2005 c’est la situation de handicap qui est la question centrale, et donc celle de l’accessibilité. On connaît les aménagements dans le bâti pour les fauteuils, mais l’accessibilité intellectuelle doit être prise en compte, afin de permettre aux personnes de comprendre leur environnement, s’y repérer, et pouvoir être des citoyens comme les autres. Le problème c’est que le handicap intellectuel ne se voit pas toujours. L’obligation d’accessibilité est un point important parce que tout le monde ne l’a pas encore intégrée. C’est aux organismes de formation de se mettre en conformité.

La méthode FALC progresse. Nous souhaitons qu’elle soit intégrée à des dispositifs de droit commun et qu’elle se développe encore plus dans tous les services sociaux, ceux qui accueillent beaucoup de public, ou qui envoient des courriers parfois difficiles d’accès et peu compréhensibles pour le public destinataire.

* Nous Aussi est l'association française des personnes déficientes intellectuelles.

Cap Métiers - 24 mars 2021

 

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