1) Développer la capacité à s'orienter
Dominique Méloni dans la revue Cliopsy (n°22 - 2019) spécifie bien que"recherches et pratiques se focalisent désormais, non pas sur le choix que l'élève doit émettre, mais sur ce qui pourrait lui assurer une capacité à s'orienter, y compris dans son avenir plus éloigné."
Une réflexion partagée au niveau européen puisque, d’après la résolution du 21 novembre 2008 adoptée par le Conseil de l’Union européenne, l’orientation, en tant que processus continu, permet aux citoyens, à tout âge et tout au long de leur vie, de déterminer leurs capacités, leurs compétences et leurs intérêts, de prendre des décisions en matière d’éducation, de formation et d’emploi et de gérer leur parcours de vie personnelle dans l’éducation et la formation, au travail et dans d’autres cadres où il est possible d’acquérir et d’utiliser ces capacités et compétences. L’orientation comprend des activités individuelles ou collectives d’information, de conseil, de bilan de compétences, d’accompagnement ainsi que d’enseignement des compétences nécessaires à la prise de décision et à la gestion de carrière.
Selon André Chauvet, "la compétence à s’orienter peut néanmoins être observée assez simplement dans la capacité qu’ont les personnes accompagnées à réaliser de manière autonome et régulière des activités nécessaires au choix d’évolution professionnelle (formaliser leurs compétences, construire un argumentaire, explorer des pistes de métiers, activer un réseau…).
C’est-à-dire maîtriser les savoir-faire, outils, techniques et exigences de la société d’aujourd’hui, mais aussi avoir une posture vis-à-vis de l’avenir qui relève de dimensions plus philosophiques, existentielles : être en veille, reconnaître et saisir des opportunités, développer sa curiosité, identifier et mobiliser son pouvoir d’agir qui nécessitent des approches complémentaires, travaillant aussi sur les croyances, permettant à chacun à la fois d’être outillé mais également de se sentir en mesure d’exercer une action sur son avenir".
> Dans son article "Développer la capacité à s’orienter tout au long de la vie : comment et à quelles conditions ? ", André Chauvet donne des pistes d’ingénieries à construire pour développer des compétences à s’orienter.
Fabien Beltrame (membre du Groupe de recherches sur l’évolution de l’orientation scolaire et professionnelle) explique dans un article publié sur le site Epale que les professionnels de l'orientation doivent avoir des pratiques tournées vers l'acquisition de compétences à s’orienter et que leur posture doit intégrer une dimension formative et évaluative, pour que l’accompagnement devienne "apprenant".
Les pratiques des professionnels de l'orientation et de l'accompagnement se tournent bien vers cette nécessité à construire cette capacité à s'orienter. Dans une étude de juillet 2019 sur le CEP, Pôle emploi rapporte que "près de 6 demandeurs d’emploi sur 10 déclarent que leur conseiller les a aidés à devenir plus autonomes dans leur recherche d’emploi ou dans la construction de leur projet professionnel. En effet, quelques mois après leur inscription, ils estiment avoir progressé aussi bien dans des domaines généraux comme la connaissance de leurs compétences, de leur savoir-faire et de leurs atouts que dans des domaines plus techniques comme l’utilisation des outils numériques pour la recherche d’emploi ou la maîtrise des techniques et des outils pour candidater sur des offres d’emploi."
2) Focus sur des approches en orientation
L’approche orientante vise à placer l’individu comme acteur de son parcours d’orientation et à lui permettre de développer des compétences pour opérer des choix : la connaissance de soi, l’exploration du monde scolaire et du monde du travail, la recherche et l’utilisation des sources d’information et d’orientation scolaires et professionnelles, la prise de décision et à la transition.
Le life designing ou "construire sa vie" porte sur l'investigation des concepts privilégiés de sens et d’identité. Du point de vue de l’accompagnement, c’est considérer la personne et son écosystème comme une entité complexe et dynamique, en se basant sur cinq présupposés relatifs aux individus et à leur vie de travail : des possibilités liées aux contextes, des processus dynamiques, une progression non linéaire, des réalités multiples et des configurations individuelles. C’est aider les personnes à acquérir les savoir-faire nécessaires pour faire face aux changements en cours et à des problèmes de développement, les aider à déterminer par elles-mêmes les savoirs et savoir-faire qu’elles valorisent dans leur développement au long de leur vie. C'est aussi les aider à déterminer "comment" (la méthode dont elles ont besoin), "avec qui" (la personne ou le spécialiste qui peut les soutenir), "où" (l’environnement dans lequel ce développement pourrait se situer) et "quand" (le meilleur moment pour l’intervention) elles pourraient acquérir de tels savoirs et savoir-faire.
> source : Collectif, "Construire sa vie (Life designing) : un paradigme pour l’orientation au 21e siècle", OSP 39/1 2010)
Le développement du pouvoir d’agir est une approche centrée sur le rapport à l’action. Selon Yann Le Bossé, c’est "un processus par lequel des personnes accèdent ensemble ou séparément à une plus grande possibilité d'agir sur ce qui est important pour elles-mêmes, leurs proches ou le collectif auquel elles s'identifient".