L'impact de la réforme de l'alternance en Nouvelle-Aquitaine

Formation tout au long de la vie

L'impact de la réforme de l'alternance en Nouvelle-Aquitaine

La Cour des comptes a publié en juin 2022 un rapport sur la formation en alternance (voir notre info), compte tenu d'une enquête menée sur la formation des jeunes en alternance dans le secteur privé, sur la période 2016-2021, à la fois au niveau national et au sein de 5 régions dont la Nouvelle-Aquitaine.

Dans notre région, la réforme a permis davantage de fluidité, avec la possibilité d’ouvrir des formations plus rapidement et de gérer leurs financements de manière autonome sans avoir à dépendre du seul conseil régional.

L'essor des entrées en alternance a été permis par un développement de l’offre de formation, avec environ 100 nouveaux organismes de formation, essentiellement implantés dans des zones urbaines attractives (en Gironde, en Charente-Maritime et dans les Pyrénées-Atlantiques), sur des formations de niveaux supérieurs, dans le secteur tertiaire, à faible coût en plateaux techniques, formations qui sont par ailleurs les plus demandées par les jeunes.

Sur 2016-2021, la demande a également été forte en matière de soins esthétiques et de mécanique automobile. À rebours, les domaines de la production alimentaire (sauf la boulangerie-pâtisserie), de la restauration et du bâtiment ont peiné à recruter des apprentis.

La chambre régionale des comptes note que la fin de la subvention d’équilibre régionale fait peser une menace sur le maintien des formations dont le coût des plateaux techniques est élevé et qui sont situées dans les départements peu attractifs, où la démographie des jeunes est peu favorable. Leur maintien repose aujourd’hui sur l’organisation en réseau de CFA historiques qui équilibrent leurs coûts par les gains réalisés dans les zones urbaines sur les formations rentables.

La Région reste présente en soutien à l’investissement dans une logique d’équilibre territorial. Les grands réseaux de formation des chambres consulaires et de l’éducation nationale se sont réorganisés dans une logique d’optimisation des moyens pour assurer un équilibre financier. La réfome leur a ainsi permis une réorganisation positive, tendant vers l’optimisation des moyens, l’amélioration du niveau de service et l’appropriation d’un rôle à jouer dans l’aménagement du territoire.

En revanche, les CFA autonomes ne disposent pas d’une telle faculté et font face à un avenir incertain. Il leur est également plus difficile de financer leurs investissements.

D'autres difficultés sont pointées :
  • celle pour les Opco et les CFA de s’approprier le nouveau système de facturation que tente de résoudre la Dreets,
  • l’absence d’un dispositif de suivi institutionnalisé et centralisé de l’alternance en région,
  • une défaillance importante en matière d’orientation ; le fonctionnement du service public d’orientation ne permettant pas de garantir un niveau d’information standardisé et exhaustif sur l’apprentissage auprès de l’ensemble des jeunes de la région. Cette hétérogénéité est également constatée dans les dispositifs d’aides aux alternants (mobilité, hébergement), ce qui implique des conditions de formation différentes entre jeunes selon l’Opco de rattachement de l’entreprise qui accueille l’apprenti et le CFA choisi.
En conclusion, des axes de progrès importants sont identifiés concernant :
  • la fluidité et l’harmonisation des processus de facturation avec les Opco, en cours d’amélioration, de même que la définition des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage par les Opco.
  • le besoin d’un dispositif centralisé au niveau régional de suivi des données relatives à l’alternance et le financement de l’investissement dans l’appareil de formation pour les CFA hors éducation nationale et enseignement agricole.
  • une défaillance du système d’orientation vers l’alternance qui ne délivre pas aux jeunes d’information harmonisée et complète à propos de cette voie de formation.
  • l'absence de garanties sur le maintien d’une offre de formation « de service public » sur les territoires peu attractifs et dans les domaines où le coût des plateaux techniques est élevé, et comporte ainsi un risque de réduction importante des opportunités pour les jeunes dans ces territoires.
Lire le cahier régional de la Cour des comptes (juin 2022)

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