Emploi et insertion professionnelle
Cités éducatives, une question de territorialisation
Les cités éducatives mettent en lumière les liens entre école et territoires.
Par Cap-métiers
En juin 2025, l’Agence nationale de cohésion des territoires publiait un guide d’évaluation des Cités Éducatives (CE) à l’occasion de la création de 40 nouvelles CE (parmi lesquelles Saintes et Guéret) et dans la perspective d’une généralisation à l’ensemble des REP (Réseau d’Éducation Prioritaire) et QPV (Quartier Prioritaire de la Ville) à l’horizon 2027 (voir notre actu). C’est dans ce contexte d’expansion que deux sociologues se sont penchées sur les origines du dispositif pour mieux en éclairer les tensions actuelles.
Leur article, intitulé « La territorialisation des politiques éducatives en France : l’exemple des cités éducatives » et publié en avril dans la Revue internationale d’éducation de Sèvres, traduit en effet la volonté de l’État central de transférer ses compétences en matière de politique éducative aux territoires.
Les CE, apparues pour la première fois dans le rapport Borloo en 2018 et mises en œuvre l’année suivante, résulteraient en fait d’un mouvement entamé dans les années 80, date à laquelle la discrimination positive aurait été préférée à la logique d’uniformisation alors en place. À partir de ce moment, les politiques éducatives se seraient progressivement adaptées aux spécificités locales, qu’elles soient d’ordre social, économique, scolaire ou territorial, afin d’améliorer la prise en charge des jeunes de la naissance à l’insertion professionnelle.
Les collectivités territoriales mobilisées au-delà de leurs attributions d’alors, les acteurs se sont multipliés et des relations de travail se sont créées, imposant le partenariat comme modalité de fonctionnement. Qualifié d’« alliance éducative », celui-ci se compose des acteurs éducatifs et territoriaux : ville, Éducation nationale, État. Ainsi réunis, ils forment un partenariat de nature multidimensionnelle : conception (projet commun), réalisation (action commune), financement et gouvernance.
Ce millefeuille territorial, combiné à l’envergure croissante des projets, induit toutefois une complexité source de tensions interterritoriales et intraterritoriales, notamment sur le plan de la coordination des projets. Selon ces chercheuses, les cités éducatives n’en restent pas moins un moyen d’obtenir des financements complémentaires, notamment via le label qui porte leur nom, pour lutter contre les inégalités de tous ordres délaissées par les politiques sectorielles.
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