Il y a plus de raisons d'abandonner que de persister. Le système sociétal est ainsi fait qu'aujourd'hui il ne produit plus d'engagement collectif, de "raison d'y croire". Si les conditions de l'engagement sont multiples, la posture adoptée par le conseiller dans sa relation à l'usager du service joue une rôle clé dans le processus décisionnel.
Deux conceptions du conseil s'opposent : le diagnostic expert, conception retenue par SPO dans ce qui est nommé "le conseil personnalisé", et le conseil délibératif. Cette double lecture rend la perception du conseil confuse et représente "un axe postural préoccupant" qui est selon les circonstances soit prescriptif, soit informatif, soit collaboratif.
Le conseil délibératif ou collaboratif présentent moins de linéarité que le conseil prescriptif. Il est plus coûteux, plus alléatoire mais le contexte actuel ne peut se contenter que de postures expertes et informatives. Pour André Chauvet, la posture fondamentale c'est d'aider la personne à prendre sa décision en permettant l'activation, l'engagement et l'appropriation ; les pratiques prescriptives produisent au pire de l'obéissance et au mieux un accord de l'individu. Aujourd'hui, il n'y a de processus continu qu'à partir de l'instant où les personnes ne sont pas seulement d'accord mais avant tout engagées.
Il existe un lien avéré entre la posture du conseiller et le processus d'engagement de la personne pour elle-même. Nous faisons face à un enjeu méthodologique et de posture professionnelle majeur.
En prenant appui sur la VAE, André Chauvet éclaire les notions d'interprétation et d'usage des données comme constitutives du processus de décision. Il repère quelques indicateurs clés, par exemple : la lisibilité et l'accès rapide à une information de qualité ainsi que l'opérationnalité du contenu. Sur ce dernier point, il pose la question de la nature des données traitées et débattues avec la personne : des faits, des données statistiques, de la règlementatiopn, mais également les informations dites "d'usage" ou "comment ça se passe dans la vraie vie". On parle ici d'informations vivantes, de celles qui sont issues de la veille permanente que le professionnel réalise et qui viennent alimenter le conseil stratégique en cours.
Autres facteurs clés de l'engagement ou du "dégagement" : le niveau de croyance, la place occupée, la valeur de l'engagement, le pouvoir agir, l'évaluation des coûts, le sentiment de liberté.
L'enjeu aujourd'hui, dans les pratiques d'orientation, c'est d'aller au delà de la transmission d'informations organisées et de développer des pratiques de scénarisation. La VAE est un scénario à intégrer à un ensemble, à un parcours pour y prendre une place, un sens.
Les systèmes d'accompagnement et d'orientation sont plutôt ouverts aujourd'hui mais offrent une lecture d'irréversabilité aux usagers. Ores pour avancer, l'individu doit pouvoir éprouver un dégré suffisant de liberté l'autorisant à se mettre en expérience et si nécessaire à se tromper. Un sujet qui fait débat notamment avec les financeurs.
Ecoutez la séquence 10 (durée 26 mn)