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La chimie verte et les éco-procédés

Le terme de chimie verte traduit le concept d’une chimie soucieuse du développement durable. La chimie verte a pour but de créer de la ressources renouvelable, concevoir des produits et des procédés chimiques permettant de réduire ou d’éliminer l’utilisation et la synthèse de substances dangereuses et néfastes pour l’environnement ou l’utilisation de ressources rares.

Tous les secteurs de la chimie sont concernés par le développement de la chimie verte

Tous les secteurs de la chimie (base, chimie fine, spécialité et pharmacie), sont concernés :

  • Les activités visant à améliorer la durabilité intrinsèque de l’industrie chimique en agissant sur les procédés. Cet axe intègre la catalyse, classique ou enzymatique, les biotechnologies blanches, les techniques de contrôle, ou encore la microfluidique.
  • Les activités visant à mieux gérer les ressources pour faire face à leur raréfaction. Cet axe intègre les développements de la chimie du végétal, le développement du recyclage, ou encore les mutations du secteur vers l’économie de la fonctionnalité.
  • Les activités de la chimie visant à contribuer à la durabilité des activités industrielles aval, telles que la production de matériaux plus légers, de solutions de stockage de l’énergie, etc., voire à réparer des dommages au travers de méthodes de chimie curative.

La chimie verte se décline en 12 points ayant pour objets de maîtriser l’ensemble du cycle de vie des produits et ainsi de prévenir les pollutions à la source (+ d'infos).

Pourquoi la chimie française s'engage-t-elle dans la voie de la chimie verte ?

2ème productrice en Europe et 7ème mondiale, l’industrie chimique française représente 950 000 emplois. Mais pour maintenir sa compétitivité, elle doit opérer sa mutation vers une chimie verte plus économe et se positionner sur des produits à haute valeur ajoutée répondant aux exigences et aux besoins des marchés de la transition énergétique.
L’enjeu pour cette filière, dépendante des hydrocarbures, est d’anticiper l’après-pétrole et encourager l’innovation pour maintenir la compétitivité.

La chimie verte et la chimie du végétal représentent des opportunités pour les industries françaises tant en termes de gain de compétitivité (réduction des consommations de ressources notamment), que de diversification de marché (développement de la chimie du végétal pour des agro-industriels, nouveaux débouchés pour le secteur agricole…) ou d’attractivité (amélioration de l’image de la filière en France).

En Poitou-Charentes, six thèmes ont été retenus comme prioritaires pour l’industrie locale :

  • matières premières renouvelables,
  • chimie et recyclage,
  • matériaux avancés,
  • chimie pour l’énergie,
  • procédés éco-efficients,
  • éco-conception en chimie.

La chimie verte au coeur de la stratégie industrielle de l'Etat

Le Gouvernement a engagé une réflexion stratégique pour déterminer les priorités de politique industrielle de la France : 34 plans sectoriels de reconquête industrielle ont été élaborés dont un concernant la chimie verte et les biocarburants.
Une feuille de route décline les objectifs stratégiques globaux de ce plan, qui comporte des engagements pour le maintien et le developpement des activités de la filière : maîtriser le coût de l’énergie ; attirer et former les compétences ; moderniser les outils industriels ; renforcer l’innovation...

Un des axes de travail est de favoriser le développement de l’apprentissage dans la filière en appelant à une évolution du code du travail en faveur de l’accès des mineurs aux sites à risques.

L’industrie chimique est la première branche à avoir signé avec l’Etat, un accord relatif à l’emploi dans le cadre du Pacte de responsabilité. Cet accord, signé en juillet 2014, pour la période 2015-2017, a été suivi d'effets : le secteur de la Chimie a tenu ses engagements et a créé 47 000 emplois, principalement des CDI, et a développé l’apprentissage et les contrats de professionnalisation (+ d'infos).

Le poids économique de la filière en Poitou-Charentes

En Poitou-Charentes, la chimie, associée à la plasturgie, représente plus de 5000 emplois répartis sur environ 116 unités de production, dont une majorité de TPE/PME impliquées dans une chimie fine à haute valeur ajoutée (colorants et pigments, produits azotés, engrais, conditionnements, cosmétiques, peintures, vernis, colle, produits pharmaceutiques de base...).

Quant à la chimie verte, elle totalise 113 établissements en Poitou-Charentes qui représentent 3 300 emplois. Elle compte une majorité de TPE et PME : 58 % de moins de 10 salariés, 25 % de 10 à 50 salariés, 9 % de 50 à 100 salariés et 8 % plus de 100 salariés.

Ces 3 300 emplois peuvent être qualifiés de métiers verdissants, c'est à dire qu'ils existent déjà mais doivent évoluer pour prendre en compte effectivement les impacts sur l'environnement dans leur pratique.

Une étude de la DREAL et l'INSEE Poitou-Charentes dénombre dans la région 3 600 actifs occupés exerçant un métier vert et 102 000 occupant un métier verdissant.

Une filière régionale dynamisée par le programme Suschem et l'Institut de la chimie verte

Afin d’accompagner les entreprises dans leur transition énergétique et écologique, la Région a créé l’Institut de la Chimie Verte en octobre 2012. Consulter la délibération
Son objectif est de fédérer toutes les compétences régionales, depuis la recherche amont et fondamentale jusqu’à la recherche industrielle.
L'Institut vise à créer une zone industrielle dédiée à la chimie verte en Poitou-Charentes qui sera une pépinière d’entreprises innovantes et permettra le renforcement de plateformes technologiques. Il aura pour fonction d’animer le réseau des acteurs de la Chimie Verte en Poitou-Charentes et structurer des partenariats avec les acteurs nationaux.
Deux exemples de projets soutenus par l’Institut : le projet VINOX valorise des co-produits de la vigne pour des applications cosmétiques, thérapeutiques et phytosanitaires et le procédé Eco-Ethanol produit des biocarburants et des molécules chimiques de 2ème génération.

L’Institut est constituée de la Région Poitou-Charentes, le Pôle des Eco-Industries, la SEM Valagro Carbone Renouvelable, le CNRS, les Universités de Poitiers et La Rochelle, l’Union des industries chimiques (UIC) et la plateforme Suschem.

Dans le cadre du programme SusChem France, l'UIC Poitou-Charentes-Limousin et le Pôle des Eco-lndustries se sont engagés, avec Valagro, le CRITT Chimie lndustrie Environnement et le laboratoire lC2MP, dans le projet intitulé "Croissance et innovation en Poitou-Charentes par la chimie durable" dont l’objet est de faire de la chimie durable un levier pour le développement de la filière chimie picto-charentaise.
Concrètement, le projet vise à sensibiliser les entreprises locales, collecter les besoins pour une chimie durable et mettre en réseau les différents acteurs concernés : entreprises industrielles, de la recherche, des structures de transfert de technologie, des services aux entreprises.

Pas de nouveaux métiers mais une évolution des compétences

La chimie verte n’a pas généré de métier véritablement nouveau. Toutefois, la prise en compte du développement durable dans la filière Chimie a induit l’acquisition de nouvelles compétences et de nouvelles conditions d’exercice des métiers pour les actifs.

Les entreprises engagées dans la voie du développement de la chimie durable se tournent vers des productions à haute valeur ajoutée, ce qui nécessite d’avoir recours à des salariés exerçant des métiers dans différents domaines d’activité et qui appellent des multi compétences, à tous les niveaux de qualification et tous les métiers.

Cette adaptation des compétences à ces nouveaux enjeux (intégration de la chimie dans la chaine aval, développement de la chimie du végétal, développement du recyclage, amélioration de la durabilité de la chimie) est un enjeu majeur de la filière, et notamment en termes d’emplois pour conserver la compétitivité et maintenir la place de la chimie française dans le monde.

L’offre de formation s’adapte pour répondre aux besoins

En matière de GRH, l’objectif de la branche de la chimie verte est double : développer les filières de formation permettant de produire les profils adéquats encore difficiles à trouver pour les entreprises en adaptant l’offre de formation aux besoins de la branche et redresser l’image de la filière en rendant attractive la filière de formation.

La principale difficulté de la filière aujourd’hui consiste à rendre attractive sa filière de formation initiale et lutter contre la méconnaissance de la diversité des métiers. Cette situation freine son développement et soulève des difficultés pour le recrutement de personnel qualifié.

Les industries chimiques disposent d’une offre de formations initiales importantes et diversifiées qui va du Bac professionnel au doctorat et de19 écoles d’ingénieurs chimistes réunies au sein de la Fédération Gay Lussac. L'Union des Industries Chimiques est très active afin que les référentiels des diplômes intègrent les problématiques du développement durable.

La branche a engagé une rénovation de ses diplômes :

  • création d’un bac professionnel « Procédés de la chimie, de l’eau et des papierscartons » ;
  • rénovation en 2013, du DUT « Génie chimique, génie des procédés » et du DUT « chimie » intégrant notamment les problématiques liées à la chimie du végétal et au développement durable ;
  • création du BTS Pilotage de procédés et du BTS métiers de la chimie.Des licences et des  masters professionnels ont été créés avec les industriels notamment dans le domaine de la chimie du végétal. 

La Région Poitou-Charentes a soutenu la création de formations spécifiques en chimie verte telles que le Master Cursus en Ingénierie de l'Université de Poitiers, opérationnel à la rentrée 2015.

De façon générale, la transition vers une chimie verte a fait émerger des besoins en compétences nouveaux. Toutefois, le CNEFOP, dans un rapport sur la transition écologique, estime que l’offre de formation professionnelle actuelle est adaptée pour y répondre (en savoir +).

A noter que l'Union des Industries Chimiques et les fédérations associées ont signé en novembre 2014 un accord relatif à l'orientation, la formation et l'apprentissage tout au long de la vie et au développement des compétences dans les industries chimiques. Applicable depuis le 1er janvier 2015, il comprend des avancées en faveur du développement des compétences et de la formation des salariés.